Frontières
Du 21 juin au 5 octobre 2025
Les notions de limite et de frontière, qui se recoupent sans s’équivaloir, soulèvent inéluctablement des préoccupations d’ordre géographique ou géopolitique. Au sens strict, elles désignent ainsi une borne ou une ligne circonscrivant un territoire, déterminant une étendue et la distinguant d’une autre. En tant que telles, elles occupent donc une place importante dans notre compréhension moderne et occidentale du monde : les frontières modernes – dites westphaliennes, puisqu’elles se négocient dans le cadre de conférences interétatiques selon le modèle ayant mené à la Paix de Westphalie (1648) – cartographient nos espaces / nations-états, les articulent et les mettent en relation. Vestiges tangibles d’entreprises impériales ou de mouvements nationaux, elles reposent notamment sur des idéologies identitaires d’inclusion et d’exclusion.
Non-lieu ou espace liminal par excellence, la frontière peut être comprise comme un objet spatial en mutation. Elle partitionne un tout ou, plutôt, détermine un « segment de réalité », lui octroyant d’emblée une valeur qui lui est propre. Tangible sans être nécessairement visible ou incarnée, elle marque une distinction d’état, de nature, de matérialité. Une rupture de continuité. Elle « sépare » le numérique de l’analogique, le dedans du dehors, le jardin de l’étendue, le paysage du milieu géographique. Parfois fixe, rigide ou plus ou moins étanche, elle peut en outre être poreuse, ambiguë ou multiple. Sans cesse renégociée, la frontière fait également office de passage, de lieu de rencontre et d’échanges.
À l’occasion de sa 26e édition, le Festival international de jardins a invité concepteurs et conceptrices de tous horizons à repenser la notion de frontière dans le contexte postcolonial actuel, et à transposer leurs réflexions dans un jardin-environnement brouillant les disciplines, renégociant les idées reçues sur le jardin / le paysage et dialoguant activement avec le visiteur ou la visiteuse.
